Cinquième Rencontre Lou pan d’ici : promouvoir la démarche locale
Une présentation de la filière blé-farine-pain Lou pan d’ici — le pain d’ici, en patois — s’est tenue au salon Med’Agri du 15 au 17 octobre, au parc des expositions d’Avignon, permettant aux agriculteurs, meuniers et boulangers de se rencontrer, de se faire connaître et de se développer pour perdurer ensemble.
En région Sud, la filière blé-farine-pain Lou pan d’ici (“le pain d’ici”, en patois) se développe depuis son lancement en 2020 au Salon international de l’agriculture. Aujourd’hui, deux cents artisans boulangers travaillent déjà l’assemblage régional issu des deux moulins impliqués dans la démarche : la Minoterie Giral d’Orange (Vaucluse) et le Moulin Céard d’Embrun (Hautes-Alpes). « Cela fait quatre ans que nous avons des retours positifs des boulangers qui utilisent nos farines 100 % Sud », insiste Guillaume Céard. Il préside l’association créée il y a deux ans pour défendre ce produit, cocréé avec différents partenaires, dont les coopératives céréalières Coopérative Agricole Provence Languedoc, Duransia, et Arterris Sud-Est. L’idée est de rendre la filière vertueuse pour les professionnels et pour le territoire. Une cinquième Rencontre Lou pan d’ici se déroulait le 16 octobre au salon Med’Agri. Céréaliculteurs, meuniers et boulangers y assistaient.
Rémunérations justes
Bernard Illy, agriculteur et président de Duransia, rappelle la nécessité de maintenir des productions régionales. Bénédicte Martin, en charge de l’agriculture au conseil régional, évoque un plan de résilience des grandes cultures en Région Sud. Les rendements en Provence-Alpes-Côte d'Azur sont inférieurs à ceux des autres régions. Aussi, pour que les agriculteurs continuent de semer des blés tendres leurs terres, ils doivent être correctement rémunérés. « Il ne reste que six moulins en activité en Région Sud, contre cent vingt quand mon père était à la tête de notre moulin familial », relève Guillaume Céard. Depuis le lancement de Lou pan d’ici, cette minoterie des Hautes-Alpes qui n’écrasait que 5 % de blés régionaux est passée à 60 %, dont deux mille tonnes d’assemblages Lou pan d’ici.
Ajouter dix centimes au prix de la baguette tradition et consommer régional doit participer à consolider l’agriculture, les paysages, les savoir-faire et les emplois dans l’artisanat. La prise de conscience est là, à en croire les consommateurs, pour lesquels le pain idéal est celui qui est bon, sain, artisanal, local, traçable et accessible.
Le meunier Maxime Giral a fait appel au boulanger formateur et démonstrateur Rodolph Couston. Il a réalisé les essais pour obtenir l’association des variétés qui apportent aux pains croustillance, mâche et alvéolage. Ses recettes sont inscrites sur les sacs de farine T65 et T80 Lou pan d’ici. Un boulanger du village de Céreste-en-Luberon (Vaucluse) travaille ces farines par conviction. Il témoigne que sa clientèle rurale a parfois du mal à verser les dix centimes supplémentaires.
Un pain qui a du sens
Expliquer la démarche aux clients est indispensable, et cela fonctionne correctement dans la plupart des boulangeries. « Le pain qui se vend est celui qui raconte une histoire avec du sens pour le consommateur », argue Guillaume Céard, citant l’érudit Hubert Chiron. L’association Lou pan d’ici a fait appel à des professionnels de la communication et des réseaux sociaux pour multiplier les messages. En boutique, des stickers, poches en papier et suspensions avec un QR code invitent à se rendre sur https://lou-pan-dici-vous-remercie.fr/.